Le Soudan, un éternel oublié des débats politiques ?

Kallyam Mapakou

La guerre du Soudan est un conflit souvent ignoré et relégué au silence tel un cancer dont on ignore volontairement les symptômes et pouvant se métastaser à tout moment. Pourquoi les médias internationaux ne mettent-ils pas en lumière ce qui est en train de se passer en Afriquede l’Est ? Est-ce par négligence ou bien une volonté politique ?

Ce qui est sûr, c’est que le peuple soudanais souffre énormément et dépend entièrement de l’aide extérieure pour survivre. Mais comment la situation géopolitique en est-elle arrivée là ? Pour bien comprendre cela, il faut remonter au moins 15 ans en arrière, lors de la sécession du Soudan. La population de la région souhaitait son indépendance depuis l’issue de la guerre civile des années 1990. Les citoyens sudistes souhaitaient une plus grande autonomie. Un référendum a donc été organisé dans le pays de trancher la question cruciale de la séparation. Le résultat de ce référendum a été sans surprise : 98, 83% en faveur de la sécession. Différents facteurs peuvent expliquer le conflit au Soudan notamment des facteurs religieux et ethniques. Mais le facteur ayant eu le plus d’impact au sein du conflit est le facteur des ressources naturelles. En effet, l’utilisation des terres et des eaux a été l’un des principaux moteurs du conflit. Celui-ci peut être qualifié de « conflit des généraux », car il oppose deux acteurs du pouvoir militaire. D’un côté, on a le général Abdel Fattah al-Burhan qui est notamment soutenu par les États -Unis et qui dirige les forces armées soudanaises (FAS). De l’autre côté, on a son opposant, Mohamed Hamdan Dogolo, qui est soutenu par la Russie. Ce dernier dirige les FSR, un groupe armé créé par l’ancien président du Soudan, Omar el-Bechir. Depuis plusieurs années, comme dans beaucoup de pays africains, des forces armées rebelles sèment la terreur dans le pays.

Les deux généraux faisaient initialement partis du même camp et avaient un même but : destituer le président Omar el-Bachir qui gouvernait depuis des années le Soudan. Ils ont réussi, et ont donc été nommé respectivement président, pour le général Abdel Fattah al-Burhan, et vice-président du gouvernement de transition, pour l’officier Mohamed Hamdan Dogolo. Ces nominations interviennent pour trouver un gouvernement civil. Suite à diverses scandales politiques comme la démission du premier ministre de transition, le blocage au niveau de la création d’un gouvernement démocratique, etc., le gouvernement, qui était initialement temporaire, est devenu définitif ce qui a créé des tension entre les deux hommes ; c’était de savoir qui allait être nommé comme étant le président officiel. Les soifs de pouvoir des généraux Mohamed Hamdan Dogolo et Abdel Fattah al-Burhan, les ont finalement divisé. Depuis, les deux généraux se confrontent avec leurs armés respectives pour régler cette question cruciale ayant causé plus de 10 000 victimes civiles.

À une époque de multiples guerres, les médias occidentaux mettent la lumière sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine ou encore le conflit israélo-palestinien et à juste de titre. Mais ce traitement n’a-t-il pas pour conséquence une négligence médiatique envers le peuple soudanais ? L’indifférence des acteurs internationaux a une incidence directe sur le pays étant donné que l’aide humanitaire est clairement insuffisante par rapport à l’ampleur des souffrances. Face à ce silence complice, les journalistes du monde entier échouent dans leur travail de transmission d’information. Est-ce volontaire ? Une certaine censure ou pression dans la hiérarchie ? L’hypothèse n’est pas à négliger. Ce qui est sûr c’est que la différence de traitement entre les conflits se ressent. Heureusement que certains média indépendants comme Basta, Equal times ou encore le département press du comité Ujamaa en parlent et participent à une meilleur justice médiatique.

Sources